RADIO NEPTUNE (1)

Automne 1981, Radio Neptune se prépare à émerger

Dotée aujourd'hui de trois fréquences sur le Finistère et d'une audience solide et fidèle, Radio Neptune est avec Radio Quartiers Brest/Fréquence Mutine, l'unique rescapée de l'époque des radios libres. Qui aurait pu croire à sa naissance que cette radio fondée par un trio de lycéens aidé d'un radioamateur chevronné connaîtrait ce développement ?

Débuts difficiles

Pas ses fondateurs en tout cas. Car les débuts ont été très difficiles. Tout commence à la rentrée scolaire de septembre 1981. Deux élèves du lycée de l'Harteloire, Jean-Louis et Philippe ont l'idée de lancer une radio pour les lycéens. Le père de Jean-Louis, Jean Le Corvoisier, maîtrise la technique. Il a sa licence de radioamateur depuis 1964. Il se charge de bricoler un émetteur FM. Les deux copains de terminale ont entretemps fait quelques petits essais, Radio Vulcain sur le pâté de maisons du bas de la rue du Château et Radio15 FM sur la CB. Ils annoncent par voix d'affiche dans le lycée de l'Harteloire un démarrage de Radio Neptune en octobre, chaque mercredi sur 96 mhz. Mais problème, Jean n'est pas prêt. Il connaît quelques soucis avec le quartz de l'émetteur. Le démarrage de Radio Neptune est donc décalé en novembre puis au 2 décembre. Mais techniquement, l'émetteur n'est toujours pas au point. Les deux lycéens, rejoints par un troisième, Renaud, deviennent la risée de leurs camarades de classe. Début février 1982, le découragement est total. Le trio va donc à Radio Brest Atlantique proposer ses services mais se fait éconduire. Radio Neptune est morte avant d'avoir pu émettre. Mais un miracle va sauver cette radio laïque.

Après être tombé à l'eau, le projet de Radio Neptune fait enfin surface

Début février 1982, le projet de trois lycéens de lancer Radio Neptune tombe à l'eau. Jean, radioamateur, n'a pas réussi à finir l'émetteur à partir de matériel de récupération. Mais alors que le découragement est total, il décide d'investir dans un circuit intégré plus cher mais plus fiable. Le 26 février, une émission "zéro" constituée essentiellement de musique non-stop peut enfin être diffusée de 17 à 19 h. Mais pas sur la fréquence de 96 mhz initialement prévue. Car un fort signal diffusant de la musique italienne a fait son apparition sur la bande FM. C'est Radio Paradis qui fait ses premiers pas. Radio Neptune va s'installer sur 103.

Les programmes sont lancés le 3 mars. Philippe et Jean-Louis anime une première émission sur une demi-table de ping-pong avec un seul micro, une seule platine, une table de mixage et un émetteur bricolé, depuis le 7, rue du Château avec pour indicatif, un instrumental de Malicorne.


La toute première émission de Radio Neptune.

Le premier émetteur de Radio Neptune

Chaque mercredi pendant deux mois

Chaque mercredi, Radio Neptune est sur les ondes sur 103. Mais elle est brouillée par la présence sur 103.5 de Radiogram, installée un peu plus haut place Wilson et qui occupe sa fréquence en diffusant de la musique non-stop jusqu'à 17 h. Pour que Radio Neptune puisse être entendue, la radio du Télégramme accepte de couper sa porteuse le mercredi à 17 h. Sympa.

Passe ton bac d'abord

Le mercredi 28 avril, Radio Neptune diffuse une dernière émission avant la pause. Les trois lycéens doivent en effet se consacrer à temps plein au bac. Ils seront de nouveau à l'antenne au mois de juin après les épreuves et donneront les noms des heureux élus le 30 en direct dans une longue émission qui s'achèvera sur les sur les coups de minuit.

Radio Neptune devient une radio de quartier

Le bac terminé, les émissions de Radio Neptune peuvent reprendre. Le 23 juin, la station est de retour sur 100 mhz. Elle a changé de fréquence car pendant une semaine, elle va émettre tous les soirs. Plus question de demander à Radiogram de couper son émetteur à 17 h. La petite radio de lycéens évolue et élargi ses programmes au quartier du centre ville. Elle couvre notamment les obsèques de Francis Le Blé, le maire de Brest, décédé subitement et se fait remarquer en diffusant les résultats du bac.


En juillet et août, ce sont les vacances et le silence radio. Après ce grand sommeil estival, une émission musicale d'essai est diffusée le 15 septembre et la semaine suivante, le 21, c'est la reprise effective. Ce n'est alors plus une simple radio de lycéen. Le 15, l'association Centre Brest, qui gère la maison de quartier et qui a pour président Jean Le Corvoisier, a déposé une demande officielle au ministère de la Communication pour demander une dérogation au monopole d'Etat. Avec son dossier numéroté 1310, Radio Neptune, peut bénéficier de la situation de tolérance qui prévaut à l'époque. La station compte alors une dizaine d'animateurs et émet cinq heures par semaine, trois le mardi pour le quartier et deux le mercredi pour les lycéens. Elle émet alors sur 95 FM et bénéficie d'un ampli qui porte la puissance à 25 W.

La puissance était beaucoup plus faible que prévue

Comme tout bon radioamateur, Jean le Corvoisier croit plus à l'efficacité d'une bonne antenne qu'à la puissance de l'émetteur. En transformant un de ces anciens émetteurs de radioamateur en émetteur FM, il pensait avoir 65 W. Or, après avoir investi dans un watt-mètre, il a fallu se rendre à l'évidence. La puissance de Radio Neptune au printemps 1982 était de seulement 2,5 W !

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