RADIO FRANKIZ

Radio UDB via le téléphone

Avant les élections législatives de mars 1978, les militants de l'Union démocratique bretonne veulent marquer le coup. Inspirés par les premières radios pirates qui émettent sporadiquement en France à l'image de Radio Verte, les autonomistes décident de monter leur propre station.

Sur le répondeur

Ils avaient déjà l'habitude de diffuser quotidiennement un bulletin d'information appelé Radio UDB et que l'on pouvait écouter en appelant un numéro de téléphone. Un répondeur se déclenchait et c'était parti pour trois minutes d'informations. Cette Radio UDB par téléphone a existé d'avril 1977 à fin 1978. Le programme était réalisé au local du parti, rue Kervern à Brest et disponible de 20 h à 16 h. Tout cela était bien indiqué chaque mois dans le Peuple Breton. En revanche, il n'y a aucune trace dans ce mensuel de l'UDB sur la radio pirate créée à l'occasion des législatives.

Un émetteur made in Thomson CSF

Les militants de l'UDB ont fabriqué un émetteur clandestinement, se souvient Roger Le Prohon, candidat cette année là aux législatives à Brest et plus connu sous le prénom de Ronan. Il faut savoir qu'en 1977, il y avait plus de militants UDB que de socialistes. Nous avions une section d'entreprise à Thomson. Nous nous sommes appuyés sur leurs compétences. Autour d'Alan qui dirigeait le projet, les techniciens ont construit un émetteur permettant d'arroser l'agglomération brestoise.

Dans le Télégramme du mardi 21 février 1978

Radio Frankiz, une radio pirate brestoise a diffusé sa première émission hier.

Hier après-midi, à l'intention d'une poignée de journalistes qui avaient été invités au siège de l'UDB, 18, rue Auguste-Kervern à Brest, quelques minutes d'émissions ont été diffusées sur 101 mhz.

Ronan Le Prohon précise que la station, très miniaturisée puisqu'elle n'atteint pas la taille d'une boîte de chaussures "peut disparaître en un clin d'oeil dans le vide-ordures". L'émetteur Brestois, d'une puisssance de 25 watts, a un rayon d'action d'une quinzaine de kilomètres.

Elles est installée en ville au domicile d'un particulier et elle est sans doute très facile à repérer avec un camion gonio.
Prévue pour la durée de la campagne électorale, cette station baptisée Radio Frankiz (la traduction française de Radio Liberté) a des programmes en langue française qui développent les idées politiques de l'UDB mais doivent aussi donner la parole à tous les Brestois de tous les milieux.
Voici l'émission entière diffusée ce jour-là

La première émission de Radio Frankiz

J'habitais un appartement au dernier étage d'un immeuble au 32, rue des Frères Guezennec, au Bot à Brest, raconte Ronan Le Prohon. C'est de là que nous avons décidé d'émettre. Mais comme on se disait qu'on allait être repéré tout de suite, ajoute celui est à l'époque adjoint au maire, nous avons placé l'émetteur dans la cuisine de la mère d'un responsable de l'UDB qui habitait deux étages plus bas. A 19h, une émission préenregistrée d'un quart d'heure a démarré sur 101 mhz.

Pour faire connaître l'existence de la radio, Ronan Le Prohon fait une conférence de presse et devant les journalistes branche une radio. Ils entendent alors la station qui émet. On a eu le droit à un article du style : Radio Frankiz est née.
Ecoutez l'ouverture d'antenne de Radio Frankiz, la voix de l'Union démocratique bretonne, avec comme générique Frankiz, une chanson d'Alan Stivell. Au micro, Alain Kervern, militant de l'UDB.


Ecoutez l'ouverture d'antenne de Radio Frankiz, la voix de l'Union démocratique bretonne, avec comme générique Frankiz, une chanson d'Alan Stivell. Au micro, Alain Kervern, militant de l'UDB.

Dans le Télégramme du mercredi 22 mai 1978

Radio Frankiz, des problèmes pour la première

C'est hier, de 19h à 19h 12, que radio Frankiz, la station pirate de l'UDB, a émis pour la première fois sur l'agglomération brestoise. Selon l'endroit, les auditeurs ont eu une réception qui allait du parfait à l'inaudible. Alors, brouillage ou pas brouillage ? Non, répondent les techniciens, nous n'avons pas été brouillés mais nous avons fait une petit erreur dans l'orientation de notre antenne. Le rodage devrait être terminé pour la prochaine émission puisque Radio Frankiz fonctionne tous les deux jourssur 101 mhz en modulation de fréquence.

La police parmi les auditeurs fidèles

Lors de la deuxième émission, on a repéré la police dans la rue. Les autonomistes cherchent alors un autre lieu pour diffuser leurs programmes. Un militant propose alors son appartement situé près de l'actuel giratoire de Pen-Ar-Chleuz, un point haut de Brest. Nous avons dû émettre quatre-cinq fois de chez lui, souligne Ronan Le Prohon. Ce qui a perturbé un certain temps la police. Mais bientôt, il faut trouver un nouvel endroit. Nous avons fait un ou deux émissions depuis un appartement dans une tour de Quéliverzan.

Il y aura eu moins d'une dizaine d'émissions de radio pirate à raison de deux par semaines. Puis l'expérience s'est arrêtée. La police était trop sur le coup et nous n'avions pas la possibilité de trouver d'autres points hauts pour émettre.