LA GENESE DE RADIO PARADIS

Le DJ du West Club monte sa propre radio

L'idée de monter sa propre radio a germé très tôt dans la tête de Fortuné Pellicano. "Je voulais animer des émissions dans la continuité de mon métier de DJ, explique celui qui à l'époque était derrière les platines du West Club à Recouvrance. Je ne souhaitais pas le faire dans l'une des deux radios existant à Brest, RBA et Crystal." Il se tourne plutôt vers RF1, Radio Finistère 1, près de Dournenez. "Cette radio était abritée par la discothèque le Jumbo et était cataloguée comme radio de boîte de nuit." Malgré la distance, Fortuné Pellicano y anime une émission quotidienne pendant quelques semaines. 

"J’ai été animateur sur RF1, et  j’animais la tranche 14h-16h durant les premiers mois de l’existence de cette radio devenue Skyrock ensuite avec mon ami Jacky Le Deventec, trésorier de RF1 et barman au Jumbo. Et j’ai stoppé la collaboration avec RF1 pour créer Radio Paradis fin décembre 1981." Mais dès le départ, Fortuné Pellicano souhaite que Radio Paradis soit indépendante du West Club qu'il dirige. "J'ai immédiatement fait le choix d'une localisation du studio en dehors du West Club pour ne pas confondre les genres. Je souhaitais que Paradis soit une radio généraliste familiale grand public."

Parallèlement, Thibault Doidy, le patron de RBA, entend parler d'un disc-jockey qui veut faire de la radio et dont le style ne convient pas à Radio Brest Atlantique. Thibault et Pat vont au West-Club voir ce DJ qui se fait appeler l'Indien. Ils décident de  donner une aide technique à cette radio qui pourrait piétiner les plate-bandes de Radio Crystal, dont le succès début 1982, inquiète les dirigeant de RBA. Ensuite, tout va très vite. 

Le 8 février, les statuts de Radio Paradis sont déposés en sous-préfecture. Et quelques jours plus tard, courant février, la nouvelle station émet sur 96 FM. Elle sera officiellement lancée le 15 mars. Les studios sont installés au dessus d'une pizzeria de Saint-Marc, La Table d'Italie, 2 rue Liotté. L'émetteur est l'Itelco de RBA, celui de la période pirate. Mieux, le dipôle placé sur le toit de la nouvelle radio appartient personnellement à Thibault Doidy. Plus rigolo, des animateurs de RBA, dont Stéphane Saint-Yves, animent les premiers programmes en utilisant des pseudos. Tout ceci se faisant dans la plus grande discrétion, le temps que Radio Paradis s'organise. Petit à petit les programmes s'étoffent sur cette station musicale où la disco italienne est reine.

Le créneau le plus large possible

Pourquoi ce nom? Je l'avais choisi, répond au Ouest France le 13/12/84, Fortuné Pellicano qui a rapidement laissé tomber son surnom l'Indien, parce que pour moi, le paradis de la radio était non pas d'offrir un message politique ou intellectuel, mais plutôt l'humour, la bonne humeur, la joie de vivre. Ce qui fait qu'entre le duel politico-communal de l'époque entre RBA et Crystal, on a tout de suite trouvé le créneau le plus large possible.

Et surtout, suite à l'arrêt des émissions de ces deux radios, Paradis s'est retrouvée toute seule sur le créneau généraliste à une époque où les périphériques ne sont pas encore en FM et où on ne parle pas encore de réseaux.


Un coup de pouce de la municipalité

Un an après son démarrage, Radio Paradis déménage rue Jean-Jaurès au-dessus du magasin La Hutte à 150 m de RBA. A la mort de cette dernière à l'été 83, la nouvelle municipalité verse une première subvention municipale. La première subvention municipale (80 000 F) a permis d'embaucher la secrétaire, laquelle avec le technicien est la seule salariée de Radio Paradis... Qui fait par ailleurs appel à des animateurs professionnels pour ses animations, le démarchage publicitaire étant le fait d'une autre société, déclare Fortuné Pellicano au Ouest France fin 1984. A cette époque un premier sondage la place entre France Inter et Europe 1. Radio Paradis est la seule à brandir bien haut un obscur sondage réalisé par la compagnie MCV (Marketing Conseil Vente) en mars 1984 et acheté plus tard par la municipalité, souligne le magazine Libre FM qui fait le tour de France des principales radios. Lequel sondage place Radio Paradis en seconde position juste derrière France Inter et bien loin devant Europe 1, RTL et ses concurrentes locales (FM101 et Radiogram essentiellement), en taux d'écoute bien entendu. En novembre 84, un autres sondage réalisé par France Marketing est commandé par paradis et deux autres radios. La station arrive détachée partout, commente Ouest France.